Louis Bonniot de Fleurac fut l’un de nos plus brillants coureurs du début du XXème siècle, avec douze titres de champion de France individuels dont neuf sur le steeple, quatre par équipe, le record de France du 3000 m et la médaille de bronze olympique du 3 miles par équipe en 1908. Mais on retrouvait également régulièrement ses commentaires dans la Presse et il collabora à de nombreux ouvrages. Ainsi en novembre 1907, il nous conte la rencontre Cambridge – Racing Club de France dans la Vie au Grand Air, mentionnant modestement sa victoire pourtant décisive pour le classement final.
’’Ce ne fut pas sans peine que nous avons gagné à Cambridge ce 23 novembre par 5 points à 4. Il faisait froid, sombre et humide. Les 100 yards ouvraient la série des épreuves et des défaites françaises. Poulenard, en superbe forme, espérait se couvrir de gloire dans le demi-mile. Il ne put, du reste, que l’espérer.
Cela commençait mal pour nous, mais la chance capricieuse tourna et deux victoires successives dans le poids et le mile, dues à la force de Tison et à l’énergie rageuse de Keyser, nous ramenèrent à égalité des points avec les Cantabs. Vinrent les haies. Molinié avait un de ces rhumes qui vous laissent sans soufflet et dut admirer de loin l’envolée de son vainqueur britannique.
La chance tournait à nouveau contre nous, mais Sandré en gagnant le saut en longueur, la ramena, pas pour longtemps, du reste, car Horsfield, un puissant quarter-miler, donna à nouveau l’avantage à ses compatriotes. Restaient deux épreuves, dont le saut en hauteur fut la première. Berthet enleva de haute lutte une victoire plutôt pénible. Nous étions donc manche à manche. La course de 3 miles devait décider quelle serait l’équipe gagnante. Ce fut la nôtre ! (Bonniot de Fleurac oublie de préciser qu’il l’emporta en 15’17’’4/5 devant Pearson à 180 yards !)
Un tuyau pour finir : le prochain match Racing – Cambridge sera corsé par la participation d’Oxford. Gagnerons-nous ce jour-là ? J’en doute un peu, mais pourquoi pas après tout ? (Crédit photo La Vie au Grand Air).