Si l’USFSA a rapidement régenté la pratique de l’athlétisme en France à la fin du XIX^ème siècle en prônant l’amateurisme, certains athlètes se regroupèrent sous les couleurs de l’Union Athlétique de France, créée en 1895 et devenue la Fédération des Sociétés Athlétiques de France en 1896, avec deux particularités. Il s’agissait tout d’abord d’une fédération professionnelle et ses membres furent surtout performants en fond et sur les longues distances. La chronologie du record de l’heure sur piste illustre bien cette rivalité entre les coureurs des deux fédérations et en décembre 1903, les pros de la FSAF, redoublèrent d’effort pour améliorer la meilleure performance absolue en espérant atteindre les 18 kilomètres.
Le Prix de l’Auto était aussi en jeu, pour une valeur de 150 francs à celui qui détiendrait le record au 1^er janvier 1904. Léon Seghers prépara bien son affaire en s’élançant sur la piste de Gentilly le 25 décembre malgré le froid et une bise glaciale. Aidé par un cycliste et par Edouard Cibot dans le dernier quart d’heure, il partit vite, ralentit l’allure puis trouva son rythme de croisière à 1’20’’ au tour, passant en 8 km 950 à la demi-heure et recollant au temps de passage d’Henri Prévot, détenteur du record pro depuis le 7 décembre 1902 avec 17 km 597, à partir du douzième kilomètre. Il accentuera alors peu à peu son avance et terminera en 17 km 650 à 16 heures, la distance étant certifiée par monsieur Goupy, chronométreur officiel de la FSAF.
Coïncidence étonnante, il battait le record de 53 mètres, tout comme Prévot l’avait fait en 1902 pour battre le record d’Albert Charbonnel datant de 1901. Seghers pense alors que le Prix de l’Auto sera dans sa poche la semaine suivante, mais Henri Prévot profite d’une météo, certes froide, mais un peu plus clémente, pour reprendre son bien le 31 décembre avec 17 km 703, soit un gain de … 53 mètres ! Il fera encore mieux le 27 octobre 1904 avec 17 km 930 mais c’est Gaston Ragueneau qui, pour l’USFSA, sera le premier à franchir les 18 km, à nouveau en décembre, en 1905. (Crédit photo : La Vie au Grand Air).
Rédacteur Luc Vollard