Dès sa création sous la présidence de Georges de Saint-Clair le 28 novembre 1887, l’Union des Sociétés Françaises de Courses à Pied avait prévu l’organisation d’un cross-country et de quatre ‘’courses de défi’’. Le premier cross eut lieu le 12 février 1888 à l’hippodrome du Vésinet, et sera rebaptisé par la suite ‘’Grand Steeple-Chase National’’, et l’on se retrouva au Pré-Catelan le 29 avril suivant pour disputer les 100 m, 400 m, 1500 m et 110 m haies, annoncés dans la Revue des Sports dès la création de l’Union. Cette parution bi-hebdomadaire, remontant à 1876, faisait dorénavant office d’organe officiel de l’Union, au côté d’autres cercles et sociétés sportives.
C’est donc dans l’édition du 5 mai 1888, que l’on découvre le compte rendu et les résultats de ce que nous considérons depuis comme les premiers championnats de France d’athlétisme sur piste. Quatre épreuves donc et seulement deux clubs, à savoir les sociétés fondatrices de l’Union, le Racing-Club et le Stade Français. Dès 9 heures, les spectateurs envahirent la pelouse pour assister à la compétition qui débuta à 10 heures par le 100 m. Probablement pour la première fois, des cordes furent tendues pour délimiter les couloirs, évitant ainsi d’éventuelles réclamations ultérieures en empêchant les contacts. On fit de même sur la ligne d’arrivée pour faciliter le travail des juges, messieurs Chan et Chevalier. Et bien sûr, point de course avec handicap comme c’était souvent le cas à l’époque.
Ils furent sept à se présenter au départ de ce 100 m innovant, Natanson, Cavally, de Palisseaux et Turati pour le Racing et Viguier, Loquet et Viellard pour le Stade. Après un faux départ, les Stadistes n’ayant pas bougé, ils s’élancèrent, en restant proches en dehors de Turati, jusqu’à quinze mètres de la ligne d’arrivée où René Cavally se détacha, l’emportant en 11’’2/5 (11’3/5 selon La Revue des Sports) devant Viguier et de Palisseaux.
Quatre athlètes furent au départ du 1500 m, Dezaux et Balenzi pour le Racing, Labourdette et Boerris pour le Stade. Le Pré-Catelan faisant 500 m au tour, la course se disputa en trois boucles et au premier passage en 1’40’’ Balenzi et Boerris menait le train. Au 1000 m, Boeris en 3’17’’ menait toujours, bientôt relayé par Labourdette mais Maurice Dezaux, déjà vainqueur en février au Vésinet, attendait l’emballage final et dans la ligne droite d’arrivée s’imposa en 4’43’’2/5.
On retrouva sur le 400 m les deux premiers du 100 m, accompagnés par le Stadiste Mercier. Il ne put rien contre ses adversaires et c’est à nouveau sur le fil que Cavally gagna, en 53’2/5. Il restait alors aux Stadistes une chance de ne pas finir bredouille sur le terrain du Racing, avec le 110 m haies. Cavally, qui donna son nom à une technique de franchissement des obstacles, s’alignait à nouveau avec son camarade de club Adolphe de Palisseaux, le Stade comptant sur Bogel et Loquet. Cette course fut de trop pour Cavally qui abandonna à la cinquième haie. La lutte fut à nouveau indécise et de Palissaux ne prit l’avantage sur Bogel qu’après le dernier obstacle pour compléter le succès de son club en 18’3/5, laissant Bogel à deux mètres.

Rédacteur Luc VOLLARD