CHANTAL REGA | ||
J’ai sous les yeux la photo en couverture de la revue fédérale « Athlétisme » de novembre-décembre 1979, photo montrant Chantal Réga en pleine action, et, je comprends mieux maintenant pourquoi, dans un article précédent, rendant hommage à cette athlète, Roger Debaye avait titré « Chantal Réga, une reine ! »
Féline, aérienne, cette photo symbolise la quintessence du geste athlétique et l’harmonie des formes. Pleine piste, Chantal Réga remonte le temps et c’est la classe, le talent en mouvement !
Mais avant de suivre les traces de Chantal Réga, nous ne remercierons jamais assez le docteur Hervé Stephan, son entraîneur de toujours, de l’avoir convaincu, en 1972, d’abandonner la gymnastique qu’elle adorait, pour l’athlétisme. Bénédiction pour le sport roi qui allait la consacrer comme l’une des plus grandes athlètes françaises de tous les temps. Pour preuve, dès 1973, encore junior et spécialisée sur 100 m haies, elle se situait déjà au niveau des meilleures seniors finissant ex æquo aux championnats de France, puis, dans la foulée, elle obtenait la médaille d’argent aux championnats d’Europe juniors de Duisburg. Le talent et le travail déjà récompensés.
Une grande carrière de hurdler se profilait à l’horizon, et pourtant les années qui allaient suivre devaient la révéler leader du sprint français, ses progrès constant en vitesse laissant envisager des performances de niveau mondial. Et ce fut le cas ! En 1976 lors des Championnats de France elle « claquait » un chrono de 11.15 sur 100 m, puis le jour suivant un 22.74 sur 200 m, chronos qui contenteraient beaucoup de filles actuellement, avec pour confirmation, une participation à la finale du 200 m des Jeux Olympiques de Montréal.
Puis vint 1978, année qui devait entériner son statut de « Grande » du sprint avec des temps de référence, 11.17 et 22.80 sur 100 m et 200 m, puis à la clef la participation aux deux finales des championnats d’Europe en Tchécoslovaquie.
Prague 3 septembre 1978 : finale du 4 x 100 m féminin. Chantal sent la médaille à la portée des françaises après un record de France en série, mais c’est le drame dans ce virage du « diable » qui brise les rêves les plus fous et mutile le corps ! Fracture du fémur et grande émotion médiatique, car télévisé en direct devant des millions de téléspectateurs. Elle est opérée aussitôt à Prague par le docteur Holek qui allait être plus qu’un chirurgien mais aussi un soutien constant dans son épreuve, un véritable ami. Et c’est là que Chantal Réga va donner une leçon de courage et devenir une Grande Dame, volontaire, déterminée à revenir au plus haut niveau et laver l’affront de la suspicion ! Tout un hiver à réapprendre le rythme de la vie, reconstruire son corps, cela avec la complicité de son entraîneur, le soutien de sa famille et de ses vrais amis.
1979 : c’est l’année de la reconquête et sur le tableau noir du malheur, Chantal Réga va réécrire des performances de toutes les couleurs ! Double championne de France avec en « prime », à l’occasion de la coupe du Monde, une sélection en équipe d’Europe, le tout assorti d’un 22.80 sur 200 m à Mexico lors des Jeux Universitaires.
En 1980, année olympique, tous les espoirs sont permis et effectivement, elle participe une nouvelle fois à une finale olympique, terminant septième du 100 m, avec peut-être un goût d’inachevé, car l’ensemble de « son œuvre » méritait un podium. Bien sûr, elle remporte les deux titres de championne de France sur 100 m et 200 m, mais porte déjà son regard sur les championnats d’Europe 1982.
L’année suivante est une saison relativement calme, néanmoins elle réalise le dixième temps mondial de l’année sur 200 m, avec un nouveau record de France haut perché : 22.72, tout en préparant la saison 1982 avec l’objectif d’un retour sur les haies, dans une nouvelle épreuve du programme athlétique, le 400 m haies.
Dans cette spécialité nouvelle pour elle, ses progrès sont fulgurants et nous voici le 10 août 1982 sous le soleil Athénien, au départ de la finale du 400 m haies des championnats d’Europe, avec une Chantal Réga remontée après avoir remporté sa demi-finale en 55.73. A la lutte avec l’Allemande de l’Est Petra Plaff, et en une ligne droite homérique, elle obtient enfin cette médaille tant méritée, du bronze avec un temps canon de 54.93, nouveau record de France de classe mondiale.
Chantal Réga arrêtait sa carrière internationale sur une performance de choix, le corps meurtri par dix années de compétitions de haut-niveau, avec dans son escarcelle 41 sélections en équipe de France, 12 titres individuels de championne de France et 8 records de France individuels, sans compter les nombreux titres et records en relais, notamment avec son club de toujours l’ESME US Deuil, à qui elle apportera encore longtemps sa fidèle contribution active.
Mais Chantal Réga n’est pas la cigale qui a chanté dix étés, car nantie dès 1976 d’un CAPES et professeur d’Education Physique, elle reprend un cycle d’études à l’INSEP et obtient un DEA de biomécanique qui va lui permettre, toujours au sein de l’INSEP, après avoir tant donné à l’athlétisme français, de partager son savoir avec générosité afin d’enseigner et d’approfondir les différents aspects de la technique du sprint, une chance et un honneur pour l’athlétisme ! Merci Chantal Réga.
Luc BEUCHER (2003)
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