Vous vous souvenez assurément du dernier tour de Floria Guei à Zurich en 2014 sur le 4 x 400 m des championnats d’Europe !  Que dire alors de celui de Jacques Carette à Munich en 1972 lors des Jeux Olympiques. Certes ce ne fut pas pour l’or mais ’’seulement’’ pour le bronze, mais il s’agit bien de l’un des plus beaux tours de piste de l’athlétisme français. Avant cela, il fallut passer par les séries et en dépit de l’absence des Américains, suite à l’exclusion de Matthews et Collett et la blessure de Smith, la partie n’était pas gagnée d’avance. La France aligne une équipe pour moitié expérimentée avec Gilles Bertould et Jacques Carette, déjà présents à Mexico et champions d’Europe en 1969, complétée par Roger Vélasques et Francis Kerbiriou en lieu et place de Jean-Claude Nallet et Christian Nicolau. Tous ont couru en individuel à l’exception de Carette et cela pèse probablement dans leurs jambes puisqu’ils sont devancés par la Pologne et la Finlande dans la troisième course. Heureusement, en 3’03’’13, ils réalisent  le dernier chrono qualificatif pour la finale.
La finale est programmée pour le 10 septembre, trois jours après la médaille d’argent de Guy Drut. Gilles Bertould lance correctement son équipe au couloir 2 en 46’’4, tandis que les Kenyans prennent la tête. Vélasques est excellent en 44’’8 dans le second parcours et transmet à Bertould à égalité avec le Kenya et la Pologne, tandis que les Allemands s’échappent. Bertould voit passer une fusée nommée Hemery mais arrive en 45’’2 à maintenir la France cinquième à faible distance des autres équipes. L’Allemand Honz lance alors le dernier tour sur des bases très élevés, proche de 20 secondes aux 200 mètres. Carette est plus prudent mais reste cinquième à l’entrée de la dernière ligne droite.
C’est alors qu’Honz craque et voit passer non seulement Sang qui sera chronométré en 43’’4 pour le Kenya, mais aussi Jenkins pour la Grande-Bretagne. Carette semble encore trop loin mais il croit en ses chances et passe le Polonais Badenski à 25 mètres de la ligne. Et dans les cinq derniers mètres, il est encore suffisamment lucide pour dépasser Honz, qui a bout de force tombe sur la ligne. Le Roubaisien a magnifiquement géré son effort en 44’’3 et l’équipe de France s’offre donc la médaille de Bronze en 3’00’’65, nouveau record de France qui tiendra jusqu’en 1993.

Rédaction Luc Vollard