Quatre fois champion de France du 100 m au cœur des années 50, sélectionné olympique à Melbourne en 1956, Alain David fut aussi un excellent spécialiste de la salle alors que cette pratique n’était encore qu’émergente. Et c’est d’ailleurs au retour d’Australie qu’il va réaliser quelques-unes de ses meilleures performances en s’alignant au départ de plusieurs compétitions en Allemagne. Il s’y était déjà rendu en 1955, s’inclinant de peu contre Heinz Fütterer, le meilleur sprinter européen de l’époque et corecordman du monde du 100 m en 1954, lors d’un 60 yards à Dortmund.

Ayant modifié son entrainement durant l’hiver sous la coupe de Joseph Maigrot qui a beaucoup échangé avec ses homologues américains lors des Jeux, il retrouve Füterrer le 9 février 1957 dans la salle de Francfort-sur-le-Main, sur une distance inhabituelle … le 70 m ! Il va s’imposer à deux reprises, réalisant 7’’6 et 7’’7 … et même trois fois si l’on en croit l’article paru dans le Miroir des Sports. La performance est d’autant plus remarquable lorsque l’on sait que jamais un Français n’avait encore battu un Allemand sur 100 m lors des matchs internationaux entre les deux pays. La revanche va avoir lieu le 23 février à Dortmund, cette fois-ci sur 60 yards. Alain David remporte sa série en 6’’3 devant l’Allemand et accélère encore en finale en 6’’1. Il s’agit ni plus ni moins de la meilleure performance mondiale égalée, ’’sur piste en bois’’ comme le précisent certains ouvrages statistiques.

L’IAAF n’homologue pas encore de records du monde en salle à l’époque (il faudra encore attendre 30 ans pour cela et les championnats du monde à Indianapolis) mais ce chrono est tout de même de premier ordre. Quelques jours plus tard à Nantes, il aura même un temps de passage en 6’’0 lors d’un 100 m. En février 1958, il ira à nouveau en Allemagne pour s’imposer encore et à partir de 1959 Jocelyn Delecour prendra la relève avec la même réussite (Crédit photo : DPA Gmbh – arrivée du 70 m en 7’’7 à Francfort-sur-le Main, Alain David au centre avec le maillot du Racing CF, Fütterer à gauche, Leonard Pohl à droite).