Ayant pratiqué différents sports, comme l’équitation, l’escrime et l’athlétisme dans le milieu scolaire, Pierre Lewden se fait connaître en apparaissant dans les résultats des demi-finales des critériums militaires nationaux à Royan fin juin 1918, franchissant 1m60, à égalité avec André Labat. En dépit d’une petite taille de 1m67, compensée par une remarquable technique en ciseau avec retournement intérieur, il va rapidement s’imposer comme le leader national de la discipline, franchissant 1m80 dès juillet 1918, 1m85 en 1920 et prenant le record de France en 1921.

A Paris lors des Jeux en 1924, alors qu’il s’est déjà classé septième en 1920 à Anvers, Pierre Lewden se glisse encore en finale avec Pierre Guilloux parmi les neuf athlètes à avoir franchi 1m83 en qualifications le dimanche 6 juillet. Guilloux se contente de la septième place en finale avec 1m85 le lendemain mais Pierre Lewden va se présenter quasiment à son meilleur niveau. En franchissant 1m92, il repousse l’Américain Tom Poor et le Hongrois Jenö Gaspar et continue le concours avec Leroy Brown et Harold Osborn. Il ne pourra rien contre les deux ‘’Yankees’’, ratant cependant 1m95 de peu, et décrochera bien la médaille de bronze.

Il portera le record de France à 1m95 en 1925, une performance qui ne sera battue qu’en 1944. Il sera encore septième aux Jeux d’Amsterdam en 1928. A ces Jeux, il aurait dû être le porte-drapeau de la délégation française, mais un double incident entraîna l’absence de la France au défilé, Lewden prononçant tout de même le serment, presque en catimini à la Maison de France. Sociétaire du Stade Français, réputé pour ses facéties au point de se présenter un jour couvert d’un haut-de-forme pour un concours, prétextant que le règlement ne s’y opposait pas, sa carrière s’arrêtera suite à une blessure en pratiquant le rugby. Il était aussi une plume reconnue pour Match-l’Intran, le Petit Journal puis au Parisien Libéré et il a laissé un remarquable livre de souvenirs intitulé Un champion à la hauteur.