2 et 3 mai 1981 au stade Carrington à Louviers. La météo n’est pas vraiment clémente en ce printemps, le froid et le vent vont faire souffrir les athlètes et le jury de ces championnats de Haute Normandie d’épreuves combinées et les performance vont s’en ressentir. Il y a pourtant de bons éléments et certains chez les jeunes, sont ou seront ensuite internationaux comme Catherine Sandrat, Réjane Abraham, Didier Stil ou Catherine Guesdon. Le minime Emmanuel Lacheny sera même recordman de France de la hauteur cette année-là, devenant le premier à franchir 2m00 dans cette catégorie.

Chez les juniors hommes, l’Ebroïcien Claude Legrand va largement dominer la dizaine de ses adversaires et battre le record du comité de l’Eure. Sixième des championnats de France à l’été, derrière Emmanuel Calhoun et Christian Plaziat, mais devant Philippe Collet, il sera tout proche d’intégrer l’équipe de France. Mais à la cinquième place de ce championnat de ligue, un athlète totalisant 4898 points ne parait pas en mesure d’atteindre un jour la sélection nationale. Il n’a notamment durant ce décathlon pas fait une grande performance à la perche, prenant même un ‘’gadin’’ monumental. On va pourtant le retrouver finaliste des championnats de France espoir de cette épreuve en 1983, sixième avec 4m50, ce que son jeune frère, Philippe, fera aussi la même année en junior avec la même performance. Tous deux sont entrainés et accompagnés par un formidable couple d’éducateurs, Gisèle et Jean-Pierre.

L’aîné des frères, va cependant progresser régulièrement, abandonnant la pratique du hand-ball. Treize ans après cette compétition mémorable, les conditions du décathlon des championnats d’Europe à Helsinki vont aussi être très particulières, un vrai temps de Normand en ces 12 et 13 août. Et justement Alain Blondel est Normand ! Se souvient-il de ce décathlon lovérien ? Il est maintenant en équipe de France depuis dix ans et rompu aux joutes internationales. Il a commencé la saison 1994 à Bercy par une médaille de bronze, aux championnats d’Europe en salle. En Finlande, outsider de l’épreuve, Alain va forcer le destin au terme d’une inoubliable deuxième journée. L’image de son hurlement sur le tapis de perche, ruisselant sous les trombes d’eau après avoir égalé son record à 5 m 40 est peut-être une des plus célèbres de ces années.

Avant cela, celui qui est aussi à l’époque vice-président de la FFA, en charge des relations avec les athlètes, a fait une solide première journée, s’appuyant bien sur ces points forts, la longueur et le 400 m, et ne commettant aucune faute dans les autres. Le tournant de ce décathlon va être le 110 m haies. Le Biélorusse Edouard Hämäläinen, grandissime favori, va en effet s’empaler sur le premier obstacle du 110 m haies, l’une de ses plus fortes épreuves si ce n’est la meilleure. Alain avec une fin de décathlon tout à son avantage ne pouvait alors laisser passer l’occasion et, en portant son record à 8453 points, sans battre l’un de ses records personnels, il va s’imposer, succédant au palmarès à Christian Plaziat. Qui aurait pu prédire cela en mai 1981 ?

Il poursuivra sa carrière pendant encore quelques temps, gardant ensuite le contact avec l’athlétisme notamment comme organisateur de meeting et agent d’athlètes, mais il est aussi fortement impliqué dans l’organisation des Jeux qui viennent de débuter à Paris, en tant que manager de l’athlétisme pour le Comité d’Organisation (crédit photo Jean Pierre Durand).