Créé en 1903, le Cross International n’opposait à l’origine que l’Angleterre, l’Écosse, l’Irlande et le Pays de Galles, mais la France fut invitée par l’International Cross-Country Union à rejoindre les pays du Royaume-Uni dès 1907. Avec la Belgique en 1923, puis d’autres pays, le terme Cross des Nations pris de plus en plus de valeur, à tel point que l’ICCU transmis l’organisation de son épreuve annuelle à l’IAAF en 1973, peu de temps après l’apparition des féminines, pour en faire un véritable championnat du monde.

Même si le classement individuel est bien publié, la compétition reste avant tout collective et l’on se bat donc surtout pour le classement par équipe. La dernière victoire de la France remonte à 1956, année où Alain Mimoun l’a aussi emporté en individuel sur le parcours de Belfast et depuis, seul Jean Fayolle s’est imposé, à Ostende en 1975. Pour l’édition 1978, on retourne en Écosse, cette fois-ci au Bellahouston Park à Glasgow, à 15 miles de la course de 1903 disputée à Hamilton. Le parcours de 12km300 s’annonce redoutable, avec une difficile colline à gravir et des dévers pour la redescendre, dans cet endroit qui avait accueilli l’exposition coloniale de l’Empire Britannique en 1938. Ce samedi 25 mars, le froid, le vent et la pluie vont encore plus durcir les conditions de courses et l’équipe de France, sans Jacky Boxberger, seulement 10^è du National en début du mois au Touquet, sait qu’il va falloir faire preuve de constance pour assurer un bon classement. Depuis le passage sous l’égide de l’IAAF, elle n’a pu faire mieux que 3^è en 1974 et 1976, et si Pierre Levisse et Radhouane Bouster pointent aux avant-postes dès le départ, le champion de France Dominique Coux, n’est pas au mieux. Mais du côté des adversaires, on enregistre aussi les abandons de Carlos Lopes, de Carlos Mamede, de Jos Hermens, et de nombreuses défaillances.

Au deux tiers de la course, Lévisse est 10^è , Bouster 12^è et Lucien Rault qui va avoir 42 ans dans quelques jours est 16^è ! Le classement par équipe se fait sur six hommes et chaque place va donc compter. L’Irlandais John Treacy s’impose dans cette atmosphère dantesque et derrière on surveille chaque arrivée. Lévisse conserve sa place, Rault en gagne encore trois, Bouster, à la lutte avec l’Allemand Herle et l’Italien Zarcone, en perd six et c’est un nouveau trio qui complète l’équipe de France. Alexandre Gonzalez 32^è, Thierry Watrice 35^è et Jean-Paul Gomez 43^è, amènent le cumul à 151 points. Les Etats-Unis, malgré Guy Arbogast 5^è et Craig Virgin 6^è, totalisent 156 points et l’Angleterre 159 points. La Belgique, tenante du titre, vainqueur trois fois depuis 1973 et toujours sur le podium, n’est que 6^è.

La joie est immense dans le camp tricolore car la France, qui comptait aussi dans ses rangs Jean-Luc Paugam et Jean-Luc Lemire, a bien déjoué les pronostics ainsi que les commentaires peu amicaux annonçant une déroute et même pour nos coureurs une véritable douche … écossaise (Crédit photo : Mike Street, Radhouane Bouster au centre).