Alors qu’il a été enrôlé de force dans l’armée allemande à 19 ans, puis expédié sur le front de l’Est, Ignace Heinrich, ne va découvrir l’athlétisme qu’en 1946, après son retour de l’effroyable camp de Trambov dont il a été l’un des rares rescapés. Au Racing Club de Strasbourg, ses qualités physiques font merveille et il remporte un premier titre national au décathlon en 1947.
Sélectionné pour les Jeux de Londres, il va y atteindre le niveau international, améliorant ses performances malgré les conditions atmosphériques épouvantables. Le décathlon débute le jeudi 5 août 1948 avec trois Français parmi les engagés ; Jacques Cretaine, Pierre Sprecher et donc Ignace Heinrich. Il réalise une excellente première journée, battant ses records au 100 m en 11’’6 et à la hauteur avec 1m86, pointant même en tête après cette épreuve et laissant la place de leader à l’Argentin Enrique Kistenmacher après le 400 m.
La lutte va reprendre le vendredi 6 août tandis que la météo ne s’améliore vraiment pas, le froid se mêlant à la pluie alors que les décathloniens vont être sur le stade de 10 h 00 à plus de 23 h 00. Après le 110 m haies, Heinrich est toujours deuxième, laissant cette fois l’Américain Floyd Simmons prendre la tête. Arrive le disque où Simmons s’écroule mais un autre Américain, Bob Mathias, âgé de dix-sept ans, prend le relais avec 44m00 tout en voyant sa meilleure performance disparaître des résultats, un peu comme Jules Noël à Los Angeles dans le concours individuel. Heinrich, grâce à 40m94 conserve sa place. Avec des performances moyennes au javelot et à la perche, il voit fondre sur lui Simmons tandis que Mathias s’envole vers le titre qu’il va conquérir malgré un 1500 m où ses forces vinrent à manquer.
Pour la médaille d’argent, tout va se jouer dans cette dernière épreuve, tant redoutée des décathloniens. Heinrich va tenir bon, terminant son parcours en 4’43’’8 et laissant Simmons à plus de quatorze secondes. Il est vice-champion olympique avec 6974 points, derrière Mathias donc, 7139 pts mais devant Simmons, 6950 points. Lors de sa carrière, il cumulera les titres nationaux et les sélections dans plusieurs disciplines, sera champion d’Europe du décathlon en 1950 et deuxième meilleur performeur mondial en 1950 et 1951. Aux Jeux de 1952, il ne pourra rééditer son exploit de Londres. En 1953, il quitte la France pour le Maroc, restant en équipe nationale jusqu’en 1954, pratiquant encore longtemps les lancers, puis reviendra en métropole où ses qualités d'animateur seront mises à profit, tandis qu’il dirigera aussi des golfs (Crédit photo : DR).Vous pouvez passer commande de cette nouvelle publication de la CDH ici
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