Depuis sa création en 1896, le programme d’athlétisme aux Jeux Olympiques n’a cessé d’évoluer. Plusieurs épreuves ont complètement disparu et le cross-country en fait partie, même si régulièrement son retour est évoqué, y compris dans le cadre des Jeux d’hiver. Seulement trois éditions ont d’ailleurs accueilli cette discipline typiquement hivernale avec une première apparition en 1912. Plusieurs français sont engagés dont Henri Arnaud et Jean Bouin mais seul ce dernier semble avoir pris le départ pour finalement ne pas figurer au classement.

En 1920 à Anvers, la délégation tricolore est complète et peut donc prétendre au classement par équipe établi sur trois hommes. Vont s’aligner au départ Edmond Bimont, Edmond Brossard, Gaston Heuet, Gustave Lauvaux, Joseph Servella et bien sûr Joseph Guillemot qui a déjà gagné le 5000 m avant de s’incliner face à Paavo Nurmi dans le 10000 m. Le cross fait office de belle entre les deux hommes mais l’équipe de France peut aussi tirer son épingle du jeu collectivement sur le parcours de 8 km. Sans surprise, Nurmi et Guillemot prennent le devant, emmenant avec eux le Suédois Eric Backman. La décision se fait après 5 km et c’est malheureusement sur blessure que Guillemot abandonne en se tordant la cheville. Nurmi n’a plus qu’à aligner Backman au sprint pour remporter une deuxième médaille d’or qu’il fera fructifier par la suite. Il en ajoute même une troisième avec le classement par équipe, la France étant cinquième. Gaston Heuet est bien huitième mais l’abandon de Guillemot a coûté la quatrième place.

On retrouve encore le cross-country en 1924 à Paris, plus précisément à Colombes avec un départ donné sur le stade d’échauffement et une arrivée sur le piste après 10 km 650 et avoir longé le bras de Seine en face de l’Ile Marante, aujourd’hui comblé lors du chantier de l’A86. La France est représentée à nouveau par Gaston Heuet cette fois-ci associé à Henri Lauvaux, le frère de Gustave, Lucien Dolquès, André Lauseig, Robert Marchal et Maurice Norland. Après la photo officielle, les Français vont tous porter une casquette … ils vont en avoir besoin. Nurmi, grande vedette de ces Jeux, va encore faire une démonstration ce samedi 12 juillet en laissant son coéquipier Ville Ritola à 1 minute 25 secondes sous une température caniculaire proche des 40 degrés, et à certains endroits beaucoup plus, qui sonnera d’ailleurs le glas de cette épreuve dans le programme olympique tant on frôla la catastrophe ce jour-là. Nurmi vainqueur, Ritola deuxième, la victoire par équipe ne pouvait échapper à la Finlande, assurée par la huitième place de Heikki Liimatainen pour un total de 11 points. Les Etats-Unis avec 18 points et Earl Johnson médaillé de bronze, prirent la deuxième et, en raison d’une cascade d’abandons, la France fut la seule autre équipe à se classer, remportant ainsi la dernière médaille, grâce à Henri Lauvaux, excellent cinquième, Gaston Heuet dixième et Maurice Norland quinzième … et dernier. En effet près des deux-tiers des 38 partants ne virent jamais l’arrivée, le Français Robert Marchal abandonnant … à trente mètres du but ! On en restera là et le cross disparut alors des Jeux Olympiques. (Crédit Photo : rapport officiel JO 1924)