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Au lendemain de la première guerre mondiale, le CIO, qui a réussi à réorganiser les Jeux dès 1920, va se doter d’un bureau exécutif, mais le président fondateur n’a pas pour autant perdu toute influence et il va imposer le choix de la ville d’accueil, non seulement pour 1924 mais aussi pour 1928.
Alors que 1924 coïncidera avec les 30 ans de la création du comité Olympique à la Sorbonne, Pierre de Coubertin va tout simplement proposer de retenir Paris pour 1924 et d’ores et déjà Amsterdam pour 1928. Il sait pouvoir compter sur l’appui des Etats-Unis et des Pays-Bas mais aussi sur le soutien politique et financier d’Aristide Briand, président du Conseil à de nombreuses reprises, et après plusieurs tours de scrutin, son idée sera retenue. Par une lettre datée du 10 juin adressée au préfet de la Seine, le président du CIO confirma la décision.
Il convenait dorénavant de s’atteler à l’organisation des Jeux et même si des contacts avec le gouvernement et la municipalité de Paris avait été pris auparavant, il restait beaucoup à faire, tant du point de vue financier, que logistique en particulier vis-à-vis des installations. L’Etat confirma rapidement une subvention à hauteur de 20 millions de francs. Il en fallait encore 10, sans parler de la mise à disposition de terrains et d’un stade à la hauteur de l’événement mais aussi de moyens pour l’ensemble des 19 sports prévus.
Les négociations entre le Comité Olympique Français, présidé depuis 1913 par Justinien de Clary, et la ville de Paris, s’intensifièrent dès juillet 1921 et plusieurs solutions furent étudiées incluant le Parc des Princes, rejeté car déjà attribué au ministère de l’Agriculture pour l’édification d’un Palais des Expositions, la pelouse de Bagatelle, le Bois de Boulogne et d’autres terrains à la périphérie de la ville. Celui de la Porte de Versailles tint un instant la corde mais lors d’une délibération du 13 juillet, ce fut finalement le stade Pershing, théâtre des Jeux Interalliés en 1919 dans le bois de Vincennes, qui fut retenu en dépit des importants travaux nécessaires à sa transformation pour être à la hauteur des exigences olympiques, accompagné d’une subvention d’un million de francs au lieu des dix espérés.
Cette décision fut révoquée le 5 novembre suivant, en faveur du site du Parc des Princes avec un recours possible vers les terrains de la Porte Dorée, la subvention de 10 millions de francs étant cette fois-ci accordée. Le COF lança alors un concours architectural sur la base d’un cahier des charges en vue d’une enceinte permettant l’accueil de 100 000 personnes, incluant 2 000 chambres sous les gradins, un stade de tennis, un stade nautique, une arène des sports de combat … et un fronton de pelote basque. Une douzaine d’architectes et de cabinets furent sollicités et c’est Louis Faure-Dujarric qui remporta le premier prix le 3 février 1922. Il restait un peu plus de deux ans avant les épreuves et il était grand temps de débuter les travaux.
Mais c’était sans compter sur le revirement du conseil municipal de Paris, réuni les 11 et 12 mars 1922 qui revint à la décision de l’été précédent, tant pour la localisation à Pershing que pour le montant de la subvention ! Une autre solution, proposée quelques mois auparavant, avait pour l’instant été mise de côté. La ville de Colombes, juste au nord de Paris, avait en effet proposé d’accueillir les épreuves et c’est par l’intermédiaire du Racing Club de France que le projet allait connaître une avancée décisive. Le 10 avril 1922, le Comité Olympique Français reçut la proposition du Racing, portée par son président Pierre Gillou, son vice-président Robert Bernstein et l’architecte Louis Faure-Dujarric. Le club parisien, déjà partie prenante de l’édition 1900, se faisait fort cette fois-ci, moyennant un pourcentage sur les futures recettes, de construire sur l’emplacement du stade du Matin dont il était déjà locataire, lui-même aménagé en 1907 en lieu et place d’un précédent hippodrome, une nouvelle enceinte avec 60 000 places, piste d’athlétisme, et terrain de rugby et d’association comme on appelait encore le football à l’époque. En option, un stade nautique était envisagé ainsi que des courts de tennis.
La proposition avait déjà été acceptée par le COF et le Conseil Municipal avait été promptement informé, alors que le 8 avril il avait confirmé la subvention d’un million, prévu des visites de terrains le 11 et des réunions les 14 et 20 du mois ! Le COF souhaitait que ce million lui fut versé et que le Conseil Municipal et le Conseil Général mettent à l’étude et réalisent, avant l’inauguration du stade, les moyens indispensables pour le transport du public. Le stade du Matin était en effet mal desservi et une desserte en amont de la gare d’Argenteuil fut notamment réalisée, en plus d’importants travaux visant à améliorer l’état des routes et la circulation des tramways.
Mais le Racing avait aussi présenté un planning très optimiste pour la réalisation des travaux, évoquant la mise à disposition de la piste dès octobre 1922 avec une première tranche de 30 000 places, et la fin des travaux en juillet 1923. Autre point important, le club s’engageait à réserver le stade quinze fois par an aux fédérations, pendant quinze ans. C’est par une convention signée le 21 juillet 1922 entre le COF et le RCF que tout fut finalement conclu. Il y eut bien sûr encore des changements comme la construction de la piscine des Tourelles dans Paris intra-muros alors que le bassin de Colombes était déjà bien avancé et la durée des travaux s’allongea jusqu’au printemps 1924, les installations ayant encore subi les affres des inondations durant l’hiver, tandis que le COF avait lancé en février une ultime Souscription Nationale pour assurer les comptes.
On put alors découvrir un stade métamorphosé qui allait marquer l’histoire de l’athlétisme et du sport en France jusqu’à la fin des années 60 avant de céder la place ensuite au nouveau Parc des Princes puis au Stade de France. Deux imposantes tribunes et des gradins dans les virages entouraient la piste de 500 mètres. Ce seront d’ailleurs les derniers Jeux avec un tel développement, 400 mètres devenant ensuite l’usage et la référence, mais Colombes restera avec ce tracé jusqu’en 1938 et les championnats d’Europe qui entraîneront sa mise aux normes internationales. Et surtout, après le remplacement de la cendrée par un revêtement synthétique en 1969, elle verra encore des compétitions presque jusqu’à la fin du XXe siècle. Si la tribune Marathon fut rasée à cette époque, l’Officielle est toujours debout de nos jours, ultime vestige de ce formidable monument qui aura vu des centaines de compétitions d’athlétisme s’y dérouler.
Colombes va aussi être le théâtre d’un certain nombre de nouveautés. Cela commence par le Village Olympique et une partie des délégations logera donc à proximité du stade, à deux pas de la gare olympique. La cérémonie de clôture du 27 juillet, durant laquelle les médailles seront remises dans une boite en carton aux responsables de chaque délégation (trois boites pour les Etats-Unis … et un porteur spécial !), verra aussi l’abaissement des drapeaux olympique, français et néerlandais. On assistera aussi, parmi les 45 nations participantes, à l’arrivée de la Pologne, de la Roumanie et de l’Irlande dont une grande partie du territoire s’était détachée récemment de la Grande-Bretagne. En revanche, parmi les 3072 participants, aucun ne représentait l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie ni la toute récente Union Soviétique, fer de lance des Fédérations Internationales Ouvrières dont le développement était vu d’un assez mauvais œil par plusieurs membres du CIO.
Le programme d’athlétisme, disputé par 659 athlètes, évoluait lui aussi, s’approchant maintenant de sa version définitive en dehors du maintien du pentathlon, du 3000 mètres par équipe et du cross-country qui disparaitront définitivement dès 1928, année où la marche sera également supprimée avant de revenir en 1932. Au pays de Pierre de Coubertin, les féminines ne sont toujours pas invitées à démontrer qu’elles ont bien leur place dans le stade. Alice Milliat après avoir développé le sport féminin en France, a pourtant pris de nombreuses initiatives pour faire de même à l’international, mais ces Olympiades Féminines à Monaco en mars 1921 et avril 1922 et ces premiers Jeux Mondiaux Féminins en août 1922 au stade Pershing n’ont toujours pas convaincu les dirigeants du CIO, ni ceux de l’IAAF dirigé par Sigfrid Edström et encore moins la FFA de Jean-Joseph Genet. La France et notamment l’athlétisme y perd probablement car elle faisait encore figure à cette époque de nation majeure sur les pistes.
Les Jeux Olympiques vont donc encore se dérouler sans elles, tandis que Genet, d’ailleurs très proche d’Edström, figurera bien parmi les membres du Comité Exécutif d’organisation en tant que vice-président tout comme Albert Glandaz, Gaston Vidal et Jules Rimet, sous la direction du Comte Clary, mais aussi comme président de la Commission du Budget. On retiendra aussi les noms de Frantz Reichel, secrétaire général et commissaire général sportif, et les représentants de l’athlétisme, Paul Méricamp, secrétaire général de la FFA et futur président, et Gaston ‘’Oscar’’ Jurgenson qui occupera tous les principaux postes de la FFA durant plus de trente ans en dehors de la présidence. Tous seront bien sûr là le 5 juillet à Colombes pour la cérémonie d’ouverture, par un grand soleil et devant 40 000 spectateurs, sous la présidence du chef de l’Etat, Gaston Doumergue. Et c’est à Géo André, notre porte-drapeau, que reviendra l’honneur de prêter le serment olympique. Il n'y aura ni vasque avec la flamme, qui n'apparaîtra qu'en 1928 à Amsterdam, et donc encore moins de relais pour l'acheminer au stade, une mise en scène imaginée par Carl Diem pour les Jeux de Berlin en 1936.
Les épreuves d’athlétisme auront lieu du 6 juillet au 13 juillet avec pour grande vedette le Finlandais Paavo Nurmi qui remportera le total extraordinaire de 5 médailles d’or. La France se contentera de trois fois le bronze mais le stade de Colombes restera pendant près de 50 ans la principale enceinte sportive de France, étant même utilisée jusqu’en 1985 pour les championnats de France senior (Crédit Photo : carte postale AN Paris).
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