S’il y a une athlète Française pouvant faire figure de pionnière, c’est bien Chantal Langlacé qui, probablement sans s’en rendre compte, a ouvert la voix à des milliers de pratiquantes, aujourd’hui adeptes du running et des courses hors stades. Née en 1955, on trouve sa première trace sur les bilans nationaux sur 80 m haies cadettes en 1971 ! L’année suivante elle figure également au javelot à la 19ème place junior mais ses qualités et son gabarit l’orientent aussi vers le demi-fond où elle est toute proche des meilleurs sur 800 et 1500 m. Quatrième des championnats de France de cross junior à Angers en mars 1973, elle va presque clandestinement s’orienter vers le grand fond et la route. Il faut se souvenir qu’en 1967, les officiels du marathon de Boston avait tenté d’expulser Kathy Switzer de la course et qu’il était plutôt admis à l’époque que ce type d’efforts ne pouvait pas convenir aux féminines !

Chantal serait plutôt d’un avis contraire et en 1973, elle augmenta les distance : 3000 m sur piste à Saint-Denis, puis la classique Sedan-Charleville et en octobre le marathon de Neuf-Brisach, remporté en 3 h 10’44’’ ! Elle a trouvé sa distance et en 1974 elle l’affrontera à plusieurs reprises à 19 ans seulement. Boston en avril, Nivelles en juin, Waldniel en septembre et le 27 octobre, elle retrouve Neuf-Brisach. Passant en 1 h 16’20’’ au 20 km, elle va maintenir un excellent rythme dans la deuxième partie de course pour terminer en 2 h 46’24’’, améliorant son record de plus de cinq minutes et laissant le Suissesse Marijke Moser à treize minutes ! Mais surtout elle prend à l’Américaine Michiko Gorman, la meilleure performance mondiale pour 12 secondes. Elle la perdra en décembre mais reprendra son bien en 1977 en 2 h 35’15’’4 à Oyarzun, et poursuivra sa carrière, presqu’entièrement sous le maillot de l’Amiens UC, allant jusqu’au 100 km et réalisant encore 3 h 10’35’’ au marathon de Rotterdam en 2016, soit mieux qu’à Neuf-Brisach en 1973 !

(Crédit photo Miroir de l’Athlétisme)

Rédacteur Luc Vollard